À la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’Afrique est colonisée par les puissances européennes, dont certaines, comme l’Italie, n’y sont présentes que depuis quelques décennies. En 1936, avec la conquête de l’Éthiopie, l’aventure coloniale italienne prend un nouveau tournant, qui s’achèvera en 1941 avec l’invasion des colonies italiennes par les Alliés.
Journal italien du 18 mai 1941 lors des combats en Éthiopie
L’Empire coloniale italien naît à la fin du XIXe siècle avec la conquête de l’Érythrée (1889) et de la Somalie l’année suivante. Après une première tentative infructueuse en 1896, l’Éthiopie est finalement conquise en 1935-1936. Le 9 mai 1936 est proclamée l’Afrique Orientale italienne (AOI), composée de ces trois colonies. À sa tête, Amédée II de Savoie, duc d’Aoste, qui devient alors vice-roi d’Éthiopie à la place du maréchal Graziani.
Début 1941, la Somalie italienne et l’Éthiopie tombent rapidement aux mains des Alliés, en raison de leurs infrastructures peu développées, et de leur isolement et de la taille des territoires. Le cas de l’Érythrée en particulier, car les forces française d’Orient (BFO), qui place sous commandement du colonel Magrin-Verneret, également connu sous le nom de Monclar. Composé de la 13e demi-brigade de la Légion, du bataillon de marche no 3 (BM#), d’une section d’artillerie et d’un escadron de spahis marocains (1er ESM), elle regroupe 2 500 hommes.
Après plusieurs tentatives infructueuses pour reconquérir l’Érythrée, le, général Platt commandant les troupes britanniques, décide de coordonner l’action des forces françaises et britanniques en janvier 1941. Les Italiens comptent près de 300 000 hommes, dont deux tiers d’Askaris (soldats africain de la colonie italienne), peu entraînés et peu fiables. Les britanniques ont réuni près de 80 000 hommes dont la BFO.
Au début de l’année 1941, les forces alliées, sous le commandement des généraux Platt et Cunningham. Se rassemblent au Kenya et au Soudan afin de coordonner deux offensives sur l’Érythrée. En janvier, une première attaque permet de prendre le contrôle des principales villes situées sur les axes routiers. Cette progression rapide est toutefois stoppée en mois plus tard, alors que les Alliés marchent vers la mer Rouge. Il faut d’abord sécuriser la route qui mène à Cheren ou Keren, position défensive idéale pour les Italiens, mais incontournable.
Le 23 février, le BM 3 est chargé du déminage de la ville de Club Cub, située dans la vallée qui mène à Keren. Par son efficacité, la brigade obtient la première victoire française depuis la création de la BFO. L’objectif suivant est la prise du mont Engiahat, forteresse naturelle qui protège Keren. Pendant une semaine, les troupes alliées vont tenter d’emporter la position fortifiée qui ne cède pas. Cependant, la multiplication des désertions affecte le moral des troupes italiennes et l’arrivée de renforts français permet une attaque simultanée sur Engaihat et Keren, le 27 mars. L’effet de surprise est cependant nul, car les soldats italiens se sont repliés vers Asmara, capitale de l’Érythrée. Il faut réagir vite et couper leur fuite. Le lieutenant-colonel Cazaud impose donc à ses troupes une marche forcée qui, couplée à un renfort logistique, lui permet de prendre Asmara le 2 avril.
Le port de Massaouah est le dernier bastion italien. Les britanniques proposent une trêve, rompue le 6 avril par les Italiens. Monclar et ses hommes sont chargés d’attaquer la ville par l’ouest. Les français mènent l’attaque indépendamment du commandement britannique. Leur mission : s’emparer des forts qui ceinturent la ville. L’attaque est lancée le 8 avril après le déminage des voies d’accès. Malgré la résistance des forts, la ville tombe sans provoquer de dégâts majeurs dans le port. À 12 h 30 les hommes du général Monclar pénètrent les premiers dans Massaouah, malgré le souhait britannique d’une entrée commune.
Au total 11 500 soldats italiens sont fait prisonniers dont un quart par les français. Le 10 avril, le général Platt passe en revue la BFO afin de féliciter pour son ardeur au combat. Le général de Gaulle citera le bataillon à l’ordre de l’armée.