TÉMOIGNER POUR NE PAS OUBLIER

Française de confession juive, Francine Christophe et sa mère sont arrêtées en 1942. Commence alors pour elles un long parcours qui les mène de prisons en camps d’internement, puis en déportation à Bergen-Belsen. Écrivaine, Francine Christophe a relaté son histoire dans ses ouvrages et depuis témoigne auprès des jeunes.

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Francine Christophe 84 ans

Francine Christophe a six ans quand la guerre éclate. Son père est fait prisonnier et interné dans un Oflag en Allemagne. Fille et femme de prisonnier de guerre, Francine et sa mère sont protégées par la convention de Genève. Une protection ténue : Bientôt les lois antisémites proclamées par le gouvernement de Vichy vont isoler un peu plus la France. Quelle n’a pas été notre surprise lorsque nous avons dû aller nous faire recenser en tant que juifs dans notre commissariat de quartier, Contre un bon de textile, nous avons reçu des étoiles jaunes que nous devions porter bien visibles sur nos mentaux et sur nos robes. Et puis nos papiers d’identité ont été barrés d’un tampon à l’encre rouge Juifs. Nous avons trouvé cela étrange, mais nous avions une totale confiance dans notre patrie. Quelques mois plus tard, l’odieux spectacle de la rafle du Vel ’Hiv convainc la mère de Francine de la nécessité de se mettre à l’abri en zone sud.

Une petite fille dans les camps

Malheureusement, poursuit Francine durant le trajet nous avons été contrôlées et amenées à la Kommandantur. Ma mère et moi avons été interrogées séparément pour nous faire dire que nous étions juives. J’ai huit ans et deux hommes se mettent à me hurler, alternant, menaces, insultes et mots gentils pour me faire craquer. Ma mère finie par avouer et nous sommes immédiatement incarcérées à la prison de La Rochefoucauld. C’est le début d’un effroyable périple. Nous avons été transférées à la prison d’Angoulême ou nous sommes entassées dans des conditions d’hygiène lamentables. À plus de dix ans dans des cellules prévues pour deux personnes. Nous sommes ensuite enfermées à Poitiers, avant d’être internées à Drancy, Pithiviers, Beaune-la- Rolande.

Neuf mois plus tard, Francine et sa mère sont à nouveau envoyées à Drancy ou elles resteront près d’une année, avant d’être déportées à Bergen-Belsen. Elles n’en sortiront qu’en 1945. Ce calvaire, Francine Christophe l’a raconté dans son ouvrage, Une petite fille privilégiée.

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Fillettes juives d’un foyer parisien raflées par les Allemands et déportées vers Auschwitz le 31 juillet 1944

Transmettre aux jeunes générations

L’étude en classe du livre de Francine Christophe peut être prolongée par son témoignage : Depuis vingt ans, elle se rend dans les écoles, collèges, lycées à Sciences Po. Des centaines de classes visitées, des milliers d’élèves rencontrés. Un lien intergénérationnel, un lien de mémoire qui peuvent être présentés très largement puisqu’un DVD reprenant le témoignage de Francine Christophe a récemment été édité. Celui-ci est composé de séquences dans lesquelles alternent récit et images d’archives afin de resituer l’histoire de la famille Christophe dans le contexte social, économique et politique et de rendre intelligible le drame qu’a été la Seconde Guerre mondiale tout en exposant la réalité de la déportation. De la Shoah. Des cartes permettent de suivre le cours de la guerre et d’étudier l’Europe sous la domination nazie; des sujets aussi complexes que l’Occupation, le régime de Vichy, le rôle de la France libre et de la Résistance, les conséquences politiques morales et économiques de la guerre, sont abordés et offrent aux enseignants un ensemble de ressources susceptibles d’ouvrir de nouvelles réflexions chez leurs élèves.

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