FEY VON HASSEL

Fille de l’ambassadeur antinazi Ulrich von Hassel, exécuté après l’attentat contre Hitler, Fey von Hassel fut arrêtée, séparée de ses enfants et déportée en Allemagne ou elle partagera la captivité d’une partie de la famille de Claus von Stauffenberg, avant de recouvrer la liberté à la fin de la guerre.

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Fey avec Corrado et Roberto, Brazzà, 1943

 Homme, femmes, enfants. Ils furent des centaines à subir la terreur qui suivit l’attentat manqué contre Hitler du 20 juillet 1944, alors même que, bien souvent, ils ignoraient tout de cette entreprise. Mais ils suffisaient qu’ils soient suspectés d’antinazisme ou qu’ils appartiennent au cercle familial d’un accusé pour qu’ils se retrouvent sur la liste noire de la SS. Tel fut le cas de la jeune Fey von Hassel, fille d’Ulrich von Hassel, qui, ambassadeur à Rome dans les années 1930, fut un antihitlérien convaincu. Bien que n’ayant pas participé au complot contre Hitler, celui-ci sera arrêté après l’attentat et jugé coupable de trahison par le Tribunal du peuple dirigé par le fanatique Roland Freisler, le 8 septembre 1944 il sera pendu peu après. La veille de son exécution, il laissa à sa femme une lettre ou il écrivit : En cet instant, mon cœur est empli de la plus profonde gratitude envers toi et envers Dieu, Test auprès de moi et tu me donne la paix et la force dont j’ai besoin. Cette pensée adoucit quelque peu les tourments de mon agonie à l’heure de te quitter, toi et les enfants.

De son côté Fey von Hassel, mariée à un aristocrate vénitiens, Deltalmo Pirzio-Biroli dont elle a eu deux garçons, fut déportée, après avoir été séparée de ses enfants qui seront transférés en Allemagne dans une maison dirigée par des éducatrices nazies. Une terrible odyssée qui connut néanmoins un heureux dénouement, elle aura la vie sauve et retrouvera ses enfants, qu’elle raconte dans les Jours sombres publié voici quelques années et qui retrace la vie d’une femme dont l’existence, idyllique, bascule soudain dans le cauchemar. Amenée au camp du Struthof, puis à Buchenwald après un long périple à travers une Allemagne en ruine, enfin à Dachau, elle va être intégrée à un groupe de captifs arrêtés par la Gestapo, parmi lesquels des membres de la famille  de Claus Von Stauffenberg. Notamment son frère Alexandre, avec qui elle lie d’amitié et qui pour adoucir son sort, lui écrit des poèmes. Elle côtoie au cours de ses pérégrinations, le pasteur allemand Martin Niemoller, qui s’opposa avant la guerre aux nazis et le maire de Leipzig, Goderdeler, un des acteurs essentiels du complot de Stauffenberg, et qui sera exécuté. Enfermé avec ses compagnons dans un baraquement de Buchenwald, elle raconte aussi Léon Blum et sa femme qui étaient internés à proximité de ce camp immense. Ce qui est stupéfiant dans le récit que cette très belle jeune femme fait de sa captivité, c’est extraordinaire capacité à s’adapter aux pires sévices. Voyages dans les trains sous les bombardements, promiscuité dégradante entre hommes et femmes, privations d’hygiène et de nourriture, attaque de typhus etc.

Nonobstant, le désir de revoir ses enfants et son mari, qui a rejoint la résistance italienne, et un stoïcisme à toutes épreuves vont lui permettre de surmonter ses tourments. Après le suicide d’Hitler, l’État nazi s’effondre et les SS qui dirigent les camps prennent la fuite devant les troupes alliées, ce qui va permettre Fey de recouvrer le goût de la liberté et de retrouver le chemin de l’Italie. La menace des SS envolée, Alex et moi décidâmes de faire un longue marche en empruntant les sentiers de montagnes qui descendaient jusqu’à Vullabassa. De temps en temps, nous faisions halte dans une petite maison paysanne dont les habitants nous faisaient la conversation et nous offraient généreusement du vin, du salami, du fromage et même du vrai café, écrit-elle dans son récit.

Grâce aux recherches obstinées de sa propre mère, qui suivit en Allemagne, elle va retrouver la trace de ses petits enfants qui lui seront rendus sains et saufs. Par la suite, Fey recouvrera sa vie d’antan dans le domaine de Bràzza, en Vénétie avec sa famille réunie. Elle continua à voir ou à échanger une correspondance avec Alex Von Stauffenberg, qui malgré la perte de ses frères Claus et Berthold qui, lui aussi a été pendu, à si l’on peut dire refait sa vie. Le récit de Fey von Hassel dans les Jours sombres constitue un remarquable témoignage sur la résistance morale de ces Allemands qui firent non seulement honneur à une certaine idée de l’humanité mais sauvèrent aussi celui de leur pays.

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