En référence au 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille, et au 14 juillet 1790, jour de la fête de la Fédération, le 14 juillet est institué fête national française en 1880. La date ayant été également choisie par le président Jules Grévy pour remettre aux régiments français au nouveau drapeau. L’armée est alors associée aux festivités, qui se déroulent en premier lieu sur l’hippodrome de Longchamp.
Défilé d’un élément du 2e régiment d’infanterie russe. Paris, 1916
Depuis le printemps 1915, cet événement qui consacre l’union des militaires et de la nation sous les auspices de la République n’échappe pas aux objectifs des photographes et des caméramans de l’armée. Constituant un fonds patrimonial audiovisuel national, les films et les photographies qui couvrent cette manifestation patriotique sont accessibles à tous les médiathèques de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD). Ils font également l’objet d’un dossier mis en ligne, en juillet 2012, sur le site internet de l’ECPAD et qui présente une rétrospective de cérémonies emblématiques du 14 juillet à Paris.
Au-delà de l’aspect propagandiste de certains documents audiovisuels, aux commentaires dithyrambiques des années de guerre (films), le travail des équipes d’opérateurs militaires met en lumière cette véritable tribune offerte aux chefs des armées successifs depuis Raymond Poincaré. Sous cet angle, ce rendez-vous annuel devient un véritable révélateur de tendances en matière de défense, de politique extérieure et d’innovations technologique.
Les premiers mois de la Première Guerre mondiale déciment les armées françaises qui connaissent une pénurie d’hommes et accueillent avec enthousiasme des corps expéditionnaires étrangers. Ces derniers sont mis à l’honneur à l’occasion des fêtes nationales comme dans le reportage référencé SPA 107 M, ou le déroulement du cérémonial militaire et la parade du 14 juillet 1916 célèbrent les troupes étrangères venues combattre en France. En 1917, la capitale innove en organisant la fête des drapeaux, un défilé de héros, presque déjà la fête de la victoire, comme l’écrit alors le journal Excelsior. De la place de la Nation à la place Denfert-Rochereau, le public est au rendez-vous, au même titre que la Section cinématographique de l’armée (SPCA), L’élan de ces festivités, souligné par les photographes et caméramans de l’époque, est lié au formidable espoir que fait alors naître l’entrée en guerre des États-Unis le 6 avril 1917. La mondialisation du conflit est également visible lors des fêtes de la victoire du 14 juillet 1919, ou les détachements des armées alliées défilent en ordre alphabétique.
L’armée française termine cette manifestation avec ses chars d’assaut, innovation technologique et symbole des nouvelles forces mécanisées liées à la mobilité, qui laissent entrevoir la physionomie des combats à venir. L’armistice et démobilisation sonne le glas de la SPCA dont la dissolution intervient par arrêté le 10 septembre 1919, ce qui explique l’absence d’image relatives aux défilés du 14 juillet dans les années qui suivent.
Défilé de la Légion étrangère devant le lion de Belfort, Paris 14 juillet 1917
En 1921, c’est une section d’enseignement par image qui voit le jour rattachée au service géographique de l’armée. Elle n’a qu’une vocation d’ordre pédagogique et ne couvre pas la revue militaire qui, cette année-là est supprimée pour cause de canicule. Entre 1925 et 1928, une simple cérémonie se déroule place de l’Étoile. Il n’y a non plus de revue ne de défilé en 1929. De 1930 à 1934, le cérémonial se déroule sur l’esplanade des Invalides puis emprunte le pont Alexandre III avant de passer entre le Petit et Grand palais. Les Champs-Élysées sont remis à l’honneur par Albert Lebrun en 1935.
On retrouve les mêmes conditions qu’entre 1930 et 1934 pour la cérémonie de 1936, époque où la France connaît pourtant des bouleversements intérieurs sociaux, ainsi qu’une politique étrangère confrontée à la montée du nazisme. De 1937 à 1939, la parade militaire retrouve le Champs-Élysées. La prestation des alliés britanniques aux côté de l’armée française qui exalte l’entente franco-anglaise, confère au défilé du 14 juillet 1939 une impressionnante mise en images par un Service cinématographique de l’armée (SCA) renaissant et à nouveau associé à l’effort de guerre.
Drapeau d’un régiment américain et sa garde défilant sur l’avenue du Bois de Boulogne, le 14 juillet 1918
De 1940 à 1944, en raison de l’occupation allemande, les cérémonies commémorant la fête nationale du 14 juillet se déroulent à Londres et dans les territoires ralliés à la France libre. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et du défilé des troupes victorieuses de 1945 présidé par le général de Gaulle, la France, dotée de matériel militaire moderne se distingue dans sa politique extérieure, en reconnaissant, dès mars 1946, la République du Viêtnam comme Hô Chi Minh, fondateur du Viêt-Minh à la tribune présidentielle du défilé du 14 juillet 1946, marque cette ambition internationale française, qui retient l’attention des reporters militaires couvrant l’événement.
Durant les guerres d’Indochine, de Corée et d’Algérie, les 14 juillet ponctuent 23 années de conflits coloniaux qui jalonnent l’histoire des armées. Après les accords d’Évian, le défilé militaire de 1962 permet aux Français de célébrer le retour des troupes d’Afrique du Nord. Une nouvelle période s’ouvre et laisse entrevoir les Axes choisis par la France pour garantir la paix et s’affirmer sur une scène internationale bipolaire, symbolise par le mur qui partage Berlin depuis août 1961. De 1958 avec le retour au pouvoir du général de Gaulle au années 1990, le concept d’une défense nouvelle, basé sur des oppositions politiques garantissant la souveraineté du pays, notamment l’adoption de la dissuasion nucléaire par les gouvernements successifs, est mise en évidence lors des parades nationales. La première présentation de l’arsenal de dissuasion nucléaire à la population française date du défilé du 14 juillet 1971.
Le général Roquejeoffre défile à la tête des éléments de la division Daguet, Champs-Élysées, 1991
Ces lignes directrices se traduisent alors concrètement aux yeux des français qui découvrent les nouvelles alliances et unités qui découlent des décisions gouvernementales : L’Eurocorps, les forces européennes et les groupes aériens européennes deviennent les points forts des festivités, à l’image de la parade du 14 juillet 1994, ou les troupes allemandes défilent sur les Champs-Élysées.
Le général de Gaulle passe en revue les troupes. À ses côté, le général de Lattre. Paris, juillet 1945
Poursuivant le travail de leurs anciens, une nouvelle génération de photographes et de caméramans perpétue ce devoir de mémoire. L’événementiel du 14 juillet est devenu incontournable et mobilise toujours les équipes de L’ECPAD qui bénéficient aujourd’hui de moyens techniques de plus en plus performants pour relayer et archiver cet événement de portée internationale, en mettant ces images à disposition des différents canaux médiatiques.