L’ASSASSINAT D’HEYDRICH

Le 27 mai 1942, le dirigeant nazi Reinhard Heydrich est mortellement blessé lors d’un attentat commis à Prague par des parachutistes tchèques. Acteur majeur de l’organisation de l’extermination des Juifs d’Europe, sa disparition n’interrompt pas pour autant le processus génocidaire.

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La voiture dans laquelle Heydrich circulait lors de l’attentat, conservée au musée d’histoire militaire de Prague.                                               

Homme de confiance d’Adolf Hitler, Reinhard Heydrich est protecteur du Rich en Bohême-Moravie, chef des services de sécurité nazis et organisateur en chef de la solution finale : Il est ainsi l’un des hommes les plus puissants dans la hiérarchie nazie. Son assassinat est donc considéré par le gouvernement tchèque, en exil à Londres, et par le gouvernement britannique, comme un acte d’une grande importance stratégique. Des hommes spécialement entraînés en Grande-Bretagne pour cette mission baptisée opération Anthropoid. Ils sont parachutés sur le territoire du protectorat dans la nuit du 28 au 29 décembre 1941. Après avoir atterri, Josef Gabcik et Jan Kubis réussissent au fil du temps à nouer des contacts avec des membres du mouvement de résistance tchèque qui les cachent et les aident à mener à bien leur projet. Le 27 mai 1942, dans un virage d’une rue de Prague, ils attendent la voiture décapotable d’Heydrich qui circule sans protection particulière. Tandis qu’elle ralentit Josef Gabcik se jette devant la voiture et tente d’ouvrir le feu mais sa Sten (pistolet-mitrailleur britannique) s’enraye. Jan Kubis lance alors une grenade qui explose à l’arrière de la voiture et blesse mortellement Heydrich. Les deux hommes prennent ensuite la fuite. Cet événement suscite la colère d’Hitler et a un retentissement dans toute l’Europe.

Réfugiés dans la crypte de l’église orthodoxe Saint-Cyrille-et-Méthode, Garbik et Kubis et d’autres membres du groupe sont encerclés par les troupes nazies, le 18 juin 1942, après avoir été dénoncés par leur camarade Karel Curda. Piégés, ils résistent héroïquement à l’assaut de plus de 800 soldats allemands puis se suicident pour éviter d’être capturés

Heydrich, idéologie de la solution finale

À 38 ans Heydrich est au faîte d’une carrière qui a commencé dans la marine. Après avoir adhéré au Parti national socialiste, il rejoint en 1931 la Schutzstaffel (DS) (SS), le corps d’élite de ce parti, et connaît une ascension fulgurante sous l’impulsion d’Heinrich Himmler qui l’engage pour élaborer et mettre en place le service de renseignement du parti, le Sicherheitsdienst (SD), Cette organe recueille des informations sur les adversaires présumés du pouvoir hitlérien, en tout premier lieu les Juifs. Le Leitmotiv antisémite et chez Heydrich d’autant plus obsédant qu’il est accusé par certains d’avoir lui-même des origines juives.

À partir de 1935, Reinhard Heydrich contrôle presque toutes les sections de la police politique du Reich : La Gestapo, le contre-espionnage, les polices de lutte contre la criminalité et des frontières. Doté d’un sens obsessionnel de l’organisation, il occupe un rôle central dans la mise en œuvre de la radicalisation de la politique discrétoire du Reich à l’égard des Juifs. En 1939, lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, Heydrich constitue les Einsatzgruppen, troupes chargées de pacifier les régions conquises par la Wehrmacht. Ces corps armés ont pour mission de germaniser les nouveaux territoires allemands en expulsant, déportant ou en éliminant les indésirables, dont les Juifs font partie. Comme l’a montré l’historien Edward Husson dans son livre en 2008, il est un des agents majeurs de l’organisation du crime de masse antisémite. Le 20 janvier 1942, il préside la conférence de Wannsee qui scelle l’issue génocidaire de la question juive. Pour légitimer le choix de l’extermination, Heydrich dénonce cyniquement la multiplication des Juifs sur le territoire allemand engendrée par la conquête de la Pologne et l’attaque de l’URSS après juin 1941.

La mort de Reinhard Heydrich a un impact minime sur la poursuite de la guerre et du génocide. En effet, l’immense bureaucratie criminelle mise en place par les serviteurs du IIIe Reich est suffisamment rodée pour fonctionner de manière autonome. Néanmoins, son assassinat entraîne une répression sanglante dans les milieux de la résistance tchèque. Quelques 13 000 arrestations sont effectuées parmi ceux qui sont soupçonnés d’avoir accueilli les assassins. Suspecté de cacher le commando recherché, le village de Lidice est martyrisé. Les nazis y exécutent sommairement 263 adultes dont 71 femmes, en déportent 198, et placent en orphelinat 98 enfants dont 16 seulement survivront, avant l’incendier et de raser la bourgade. Celle-ci est alors rayée de toutes les cartes géographiques allemandes.

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