Assassinée à 23 ans à Ravensbrück en 1945, la franco anglaise Violette Szabo a participé à la Libération de la France en tant qu’agent secret du Spécial Opérations Executive (SOE) créé à l’initiative de Winston Churchill. Si sa vie intrépide est l’objet d’un culte fervent en Angleterre, elle reste par trop méconnue en France.
Violette Szabo
Née d’un père et d’une mère française, Violette Elisabeth Reine Bushell a tous justes 20 ans en juin 1940. Quand elle comprend que la France, après quelques semaines d’une guerre éclair, est sur le point de tomber sous le joug allemand, elle est ébranlée par le choc. Sa mère Reine, a pleuré quand Paris est tombé. C’est dire si sa famille se sent liée à la France! L’événement, sans qu’elle le sache encore, va transformer une vie qui semble si étrangement prédestinée. Le 14 juillet à Londres, Violette fait une rencontre capitale, celle d’Étienne Szabo, un soldat de la Légion étrangère d’origine hongroise, l’un des premiers français libres qui ont répondu à l’appel du général de Gaulle. Elle l’invite à dîner chez ses parents. Entre eux c’est le coup de foudre. Cinq semaines après leur rencontre, les voilà mariés, au mois d’août. Etienne Szabo part en Afrique du Nord avec les troupes de la France libre. Elle ne le reverra qu’un an plus tard lors d’une longue permission en 1941. Il sera tué, en octobre 1942, à la bataille d’El Alamein, en Libye. Violette, qui s’était engagé dans l’équipe d’une batterie antiaérienne, décide alors après une période d’hébétude d’accepter la proposition d’entrer dans le SOE, qui cherche des femmes courageuses pour des missions de reconnaissance en France.
Après avoir mis sa fille Tania, Violette va suivre un entraînement de plusieurs mois et accomplir deux missions. La voilà parachuté une première fois, le 5 avril 1944, près de Cherbourg. Sous le nom de Louise, elle participe à la reconstitution d’un réseau de SOE démantelé par l’ennemi, près de Roen, région stratégique à l’approche du débarquement. Elle transmet à Londres des rapports sur les usines qui fabriquent du matériel de guerre pour les Allemands. Elle revient à Londres dans un avion Lyslander, après trois semaines d’une brillante mission accomplie. Sa deuxième mission a lieu le 7 juin 1944, lendemain du D Day. Avec plusieurs de ses compagnons du SOE, dont Bob Maloubier, elle est parachutée vers deux heures du matin au clos de Sussac, dans le massif du Limousin ou ils doivent entrer en contact avec le dirigeant FTP Georges Guigouin dans les Agents secret de Churchill. Il a mis en relief l’incroyable témérité de Violette Szabo, frêle et coquette jeune femme qui, tombée dans une embuscade, videra son chargeur sur les hommes d’une patrouille de la division SS Das Reich, peu avant que cette dernière ne commette le massacre d’Oradour-sur-Glane. Si les compagnons parviennent à s’enfuir, elle est arrêtée et amenée par les Allemands à Limoge, ou elle est interrogée par la Gestapo. Bob Maloubier et une équipe de maquisards projettent alors de l’enlever, mais Violette sera transférée de Limoge à Paris, avant que l’opération n’ait lieu. Avenue Foch, au siège de la Gestapo parisienne, elle est à nouveau brutalement interrogée. Elle ne parle pas. Le 8 août 1944, elle est déportée en Allemagne, à Ravensbrück avec deux autres femmes du SOE, Denise Bloch et Lilian Rolfe. Toutes trois seront soumises aux travaux forcés, subiront la malnutrition et les mauvais traitements. La date de sa mort exacte de Violette est survenue entre le 25 janvier et le 5 février 1945, elle n’a pas été établie. Les trois femmes seront abattues d’une balle dans la nuque et leurs corps brûlés dans le four crématoire.
Les survivants qui ont connu Violette Szabo durant les derniers mois de sa vie ont témoigné de son incroyable courage, aussi bien dans le train qui les menait à Ravensbrück, ou elle prit soin des blessés, que dans le camp lui-même. Après la guerre, au Royaume-Uni, un véritable engouement s’est développé autour de sa personne qui a inspiré le film Carve hername with pride, réalisé en 1958. Elle était la plus brave d’entre nous, dira d’elle un agent du SOE, Odette Churchill.. En 2009, sur le Abert Embarkement de la Tamise, l’artiste Karen Newman a sculpté son buste, en face du Palais de Westminster. Frêle Antigone qui a défié la barbarie, Violette Szabo est toujours parmi nous.