Tony Poncet

Artiste de réputation mondiale. Tony Poncet a marqué le bel canto mais ses actes de bravoure durant la Seconde Guerre mondiale restent peu connus. Ce célèbre ténor dénommé Le roi du  contre-ut s’est pleinement engagé dans le conflit pour défendre son pays d’adoption comme en témoignent ses faits d’armes et ses nombreuses décorations.

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Tony Poncet

Le régime politique en Espagne pousse la famille Tony Poncet né le 27 décembre 1918, à immigrer en France en 1922 et à s’installer à Bagnères-de-Bigorre. Proche de la frontière, ce village accueille avec bienveillance de nombreux Espagnols et permet à la famille de se rapprocher des siens. L’enfance de Tony Poncet est mouvementée : enchaînant les petits boulots, il travaille comme mécanicien, livreur puis devient boulanger jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Il développe en parallèle son goût pour le chant et se fait très vite remarquer pour sa voix hors du commun sans penser pour autant, faire de cette passion un métier.

Lorsque la guerre éclate, il souhaite aussitôt s’engager mais il ne peut être mobilisé en tant que ressortissant espagnol. Il rejoint donc le 14 novembre 1939 la Légion étrangère ou il est incorporé au 2e régiment de volontaire (2e RMVE). Après huit mois d’entraînement intensif, il obtient le diplôme de tireur d’élite et la qualification de chef de chars d’assaut. Intégré à la 19e division d’infanterie, son unité, son unité arrive en Alsace le 6 mai 1940. Après le désastre de Dunkerque, le 22e RMVE prend position su sud de Péronne, dans le secteur de Fresnes-Mazancourt, Miséry et Marchelepot.  Défendant un nouveau front sur les rives de l’Aisne et de la Somme, le régiment est la cible de violentes attaques à partir du 5 juin. Il sera cité à l’ordre de l’armée pour son comportement au feu. Tony lui, se bat courageusement, n’étant fait prisonnier qu’après avoir reçu plusieurs blessures aux jambes et à la tête, ce qui lui vaudra une citation à l’ordre de la division, le 2 juillet 1941, décerné par le général d’armée Huntziger : Conducteur de chenillettes toujours volontaire pour les missions dangereuses. A été blessé au cours d’une mission particulièrement délicate le 5 juin 1940. Sur les 2 500 hommes qui composaient le régiment, seulement 800 seront encore valide et faits prisonniers. Après un séjour à l’hôpital, il est envoyé comme prisonnier au stalag VIIA de Moosberg en Bavière, au nord de Munich. Pendant cinq ans, sous le matricule 12242, il alterne les travaux à la ferme et les soirées au camp du commando au cours desquelles il distrait ses compatriotes en chantant des airs espagnols.

Le chef du camp lui propose même d’entrer au conservatoire de Salzburg, mais Tony Poncet, guidé par son esprit de résistance, lui rétorque : Je fais partie d’un pays ou les hommes sont fiers et chez moi, mon père, s’il apprenait que j’ai chanté pour vous, je crois qu’il me donnerait un coup de fusil. Je l’aurais bien mérité. Ses deux tentatives d’évasion restent sans succès et il écope de 80 jours d’emprisonnement dans un camp disciplinaire. Il est même condamné à être fusillé pour insubordination et tentative d’évasion, mais l’exécution sera repoussée par les Allemands qui admirent sa voix. Libéré en avril 1945 par le 81e régiment des Rangers du Texas de l’armée américaine du général Patton.

Il reprend le combat aux côté des unités qui poursuivent les dernières troupes allemandes jusqu’à Berchtesgaden. La guerre terminée, il se présente aux autorités françaises le 19 mai et rapatrié, puis démobilisé le 1er juin 1945.

Ses actions patriotiques pendant ces années sombres lui valent de recevoir la Croix de guerre avec étoile d’argent, la médaille militaire, la Croix de combattant volontaire, la médaille des engagés volontaires, la médaille des blessés de guerre, la médaille  commémorative de la guerre 1939-1945, ainsi que la médaille américaine de la Liberté, la plus haute récompense militaire attribuée à un non-Américain. Après la guerre, il entre au Conservatoire de Paris en 1947, puis fait ses débuts en concert à Lyon en 1953. Grand prix international en 1954. Grand prix de l’académie lyrique du disque en 1962, Tony Poncet donne plus de 250 représentations à l’Opéra et à l’Opéra-comique. On le vit également au cinéma dans la pendule à Salomon de Raoul Vergez en 1960 et sur le petit écran dans Angélique de Jacques Ibert.

En 1971, sa santé devenant préoccupante, il abandonne progressivement le théâtre et donne sa dernière représentation à Toulouse en 1974. Il s’éteint le 13 novembre 1979 à Lisbonne, laissant derrière lui l’image d’un combattant courageux et d’un ténor à la voix exceptionnelle.

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