Éclipsée par le conflit dans le Pacifique, la guerre sur le continent asiatique a pourtant été le théâtre d’événements capitaux durant la Seconde Guerre mondiale. C’est ainsi que la prise de Singapour par le Japon impérial ébranla la présence britannique e Extrême-Orient.
Les Britanniques qui se rendent aux Japonais Singapour en 1942
En 1937, la prise de Nankin par le Japon se conclut par un gigantesque massacre de civils et prisonniers de guerre chinois. En conséquence, les États-Unis décident de prendre un certain nombre de sanction économiques qui menacent l’économie japonaise. L’échec des différentes négociations diplomatiques renforce les bellicistes japonais qui souhaitent prendre par la force ce que les États-Unis refusent de leur livrer. L’armée japonaise commence alors à préparer une offensive générale selon deux axes, le pacifique et l’Asie du Sud-Est dont les ressources naturelles permettraient d’éviter une nouvelle crise économique, Avant même le déclenchement de cette offensive et suite à la guerre franco-thaïlandaise et ses premiers affrontements en septembre 1940, Tokyo parvient à imposer au gouvernement de Vichy le droit d’utiliser les aérodromes et les ports du sud de l’Indochine. De plus, le Japon entame des discussions avec la Thaïlande pour obtenir un droit de passage pour ses troupes. Ainsi, il se positionne dans la région pour passer à l’offensive et faire sauter le dernier obstacle sur la route du pétrole des Indes néerlandaises : Singapour. Située à l’extrémité sud de la Malaisie. Cette île, qui contrôle le détroit de Malacca, occupe une position stratégique entre l’Extrême-Orient et l’océan Indien. En outre, la Malaisie est riche en ressources naturelles. En 1824, la Grande-Bretagne avait pris possession de cette région et construit sa principale base navale en Extrême-Orient.
Dès 1939, les Britanniques commencèrent à élaborer un plan de défense de Singapour mais n’envisagent pas pour autant une attaque provenant de la Thaïlande. La Malaisie est un pays en grande partie montagneux, avec des vallées marécageuses dues aux fortes précipitations, ce qui rend le terrain difficile. Aussi les Britanniques vont orienter les défenses de l’île de Singapour, le long des côtes. Néanmoins en 1938, l’éventualité d’un débarquement de troupe dans le nord de la Malaisie est prise en compte mais le manque de moyens ne permet pas de renforcer le dispositif. En effet, malgré une menace bien réelle, la guerre en Europe mobilise la quasi-totalité des ressources de l’armée britannique. À la veille de l’offensive japonaise, Churchill parvient à envoyer à Singapour, les cuirassés Repulse et Prince of Wales.
L’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, annonce le début de l’offensive du Japon dans le Pacifique et l’Asie du Sud-Est. Le lendemain, suite à l’absence de réponse de la Thaïlande à la demande de droit de passage pour ses troupes, le Japon rallie par la force le Royaume-thaï. Parallèlement, des troupes japonaises débarquent sur la côte malaisienne, Kota Bharu, et dans le sud de la Thaïlande. La Royal Air Force lance un raid massif sur cette côte mais sans succès, les troupes ennemies s’étant déjà retirées. À cours de carburant, les 110 appareils britanniques sont contraints de se ravitailler sur les aérodromes du nord de la Malaisie et l’aviation japonaise en profite pour en détruire la quasi-totalité; elle s’assure ainsi la supériorité aérienne en Malaisie.
Le 11 décembre les deux cuirassés britanniques sont repérés par les japonais qui les bombardent immédiatement. En deux heures, les deux fleurons de la Royal Navy sont coulés mettant un terme à toutes possibilités de résistance britannique sur mer. Cette perte est vécue comme un véritable drame à Londres. Churchill écrira : De toute la guerre, je n’ai jamais reçu un choc plus brutal.
Au cours du mois de janvier 1942, le général Yamashita fonce vers le sud et prend à revers les positions adverses en attaquant par la jungle. À Singapour, on se prépare à une attaque venant du Nord, mais ce secteur de la ville est dépourvu de défenses solides et il faut improviser. Le 8 février, les troupes japonaises s’élancent vers la ville et sont confrontées à une forte résistance. Néanmoins, les vagues d’assaut submergent les défenseurs. Le 15 février, le général Percival est contraint de capituler. Dernier déshonneur, Yamashita exige que Percival porte lui-même le drapeau de la reddition. C’est la fin d’une campagne qui a fait près de 9000 morts parmi les Britanniques et 3000 chez les Japonais. En 73 jours, le symbole de la puissance britannique en Extrême-Orient s’est effondré. Après Singapour, les Tommy’s vont connaître un véritable sentiment d’infériorité face aux soldats japonais qui se considèrent désormais comme invincibles.