MARIE-MADELEINE FOURCADE

Résistante dès 1940, Marie-Madeleine Fourcade fut la seule femme reconnue chef d’un grand réseau de résistance française, le réseau Alliance. Michèle Cointet, sa biographie, nous relate son parcours hors du commun.

PHOTO 1

Marie-Madeleine Fourcade 1940-1945

Née à Marseille en 1909 dans la haute bourgeoisie catholique, Marie-Madeleine Bridou est très tôt passionnée par l’action politique qu’elle conçoit comme une aventure et un engagement totale. Séparé de son mari officier de renseignement au Maroc, mère de deux enfants, elle rejoint, en 1937, la Cagoule, mouvement conspirationniste d’extrême droite dirigé par le commandant Georges Loustaunau- Lacau, qui sera son initiateur dans la Résistance. En effet, l’amour d’une patrie mythifiée sous l’influence de son père, agent des messageries maritimes à Shanghai, et une absence d’illusion sur le maréchal Pétain lui inspirent dès le mois de juin 1940, un sentiment viscéral de révolte. Puisque les hommes ont déposé les armes, c’est aux femmes de les relever! De son côté, Loustaunau-Lacau est un membre actif de la puissante Légion française combattants, organisation qui fédère les associations d’anciens combattants et soutient la Révolution nationale. Alors qu’il travaille ensemble à Vichy, ils mettent en place un réseau qui leur permet de recruter fonctionnaires et officiers patriotes désireux de reprendre la lutte contre l’Allemagne. La rupture avec Vichy ne tarde pas. L’Amiral Darlan renvoie en février 1941 Lousaunau-Lacau de la Légion. L’évolution de la guerre leur offre alors une opportunité de s’engager activement contre Hitler. En effet, la guerre sous-marine met en péril la survie des Britanniques. Obtenir des renseignements sur les sous-marins allemands quittant Lorient est vital. Seuls des français peuvent les fournir. Marie-Madeleine Fourcade organise en zone nord et dans l’ouest le réseau Alliance, un nom qui proclame la fidélité à l’Angleterre et l’égalité des partenaires. Les Allemands l’on surnommé L’Arche de Noé en raison des pseudonymes de le Hérisson qui laisse planer un doute sur son identité. En avril 1941, un contact est établi à Lisbonne d’où Loustaunau-Lacau rapporte de l’argent et un premier poste-émetteur, Alliance en possédera jusqu’à 17!

Arrêté par les Allemands ce dernier sera déporté à Mauthausen en 1943. Poussée par ses compagnons Marie-Madeleine succède à son chef. Au vu de ses résultats exceptionnels, les Britanniques finissent par l’introniser comme chef du réseau de renseignement militaire, la seule femme à bénéficier de ce statut en France. Grande organisatrice, autoritaire et rigoureuse, elle a assez de souplesse d’esprit pour suivre les conseils des Britanniques de décentralisation du réseau en sous réseaux comme Sea Star ou Druides dirigé par Georges Lamarque. Alliance recrute particulièrement dans la fonction publique et présente une originalité : 24% des membres sont des femmes, ce qui en fait l’organisation résistante la plus féminisée. Au total, Hérisson aura ainsi sous sa responsabilité pas moins de 3000 agents! Alliance a joué son plus grand rôle dans la bataille de l’Atlantique, en fournissant des renseignements sur les transports allemands vers l’Est, une première information grâce à Amniarix (Jeanne Rousseau) sur les essais de V1 et V2 à Peenemünde, des relevés des rampes de lancement dans le nord-ouest de la France ainsi qu’une carte des défenses de l’Atlantique. En outre, Marie-Madeleine Fourcade organise le départ le 4 novembre 1942, en sous-marin depuis le Lavendou, du général Giraud qui doit accueillir le débarquement allié à Alger. Retenue en Angleterre à cause de l’arrestation de son adjoint Faye, en septembre 1943, elle obtient de revenir en France en juillet 1944 et réalise, après son évasion d’une caserne allemande, des missions de renseignements en avant de l’armée de Patton. Sensible à la détresse matérielle et morale de ses compagnons, elle recherche activement dans les camps du Reich les survivants de son réseau, puis veillera, pendant plus de vingt ans, sur les rescapés et les familles d’un réseau très éprouvé dont 431 membres ont disparus. En 1947, elle se charge de la publication du Mémorial qui leur est dédié.

Marie-Madeleine Fourcade défend la mémoire de la Résistance en tant que présidente du Comité d’action de la Résistance. De 1963 à 1989, année de sa mort. Par ailleurs elle a contribué avec son second mari, le Français libre Hubert Fourcade, au retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. Toute sa vie Marie-Madeleine Fourcade est restée fidèle à sa conception de la Résistance : Un combat patriotique contre le nazisme qu’elle mena jusqu’à son témoignage au procès de Barbie, en 1987.

Commentaires:

Laisser un commentaire

«
»