Les Français du Special Air Service furent les premiers combattants de l’opération Overlord à être parachutés dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 sur la Bretagne. Ils y installèrent deux bases qui accueillirent de nombreux soldats, les SAS français vont se couvrir de gloire, notamment lors de l’opération Amherst en Hollande, la dernière qu’ils mèneront pendant le conflit.
Soldats français parachutistes photographiés en Angleterre à la veille de leur largage en Hollande dans la nuit du 7 au 8 avril 1945
À la fin du mois de mars 1945, les Alliés poursuivent leur avance sur tous les fronts européens. Cependant, la résistance allemande reste forte. Placés depuis peu sous les ordres du général Calvert, la brigade des Special Air Service (SAS) reçoit l’ordre le 28 mars, de préparer une intervention en Hollande, en avant des troupes canadiennes qui sont alors bloquées dans la région de Coevorden. Cette opération baptisée Amherst, est confiée aux deux unités françaises des SAS. Elles ont pour objectif de créer un maximum de confusion parmi les troupes allemandes dans le secteur Groningen-Coevorden-Zwolle et de harceler leurs moyens de communications. Elles doivent aussi contrôler certains nœuds de communication routiers et empêcher la destruction des ponts sur les canaux, s’emparer de l’aérodrome de Steinwijk, soutenir la résistance locale, signaler les objectifs à l’aviation et communiquer à l’état-major canadien le maximum de renseignements sur le dispositif ennemi.
Leur mission est prévue pour durer entre deux et trois jours. Les combattants sont en possession d’un texte signé par la reine Wilhelmine des Pays-Bas qui leur permettra de prendre contact avec les civils et la résistance locale. De dix en temps normal, les effectifs des sticks sont portés à quinze avec la possibilité sur place de subdiviser en sticks autonomes. Dans la nuit du 7 au 8 avril 1945, plus de sept cents hommes des 3e et 4e SAS largués par 47 avions, sont parachutés sur une région sillonnée de canaux et de fossés, parsemée de nombreuses fermes ou les zones boisées sont rares. Du matériel et des vivres sont également parachutés sur la zone d’intervention. Pendant ce temps, des centaines de mannequins de faux parachutistes sont lancés dans de nombreux autres endroits afin de tromper l’ennemi. Parachuté à 600 mètres d’altitude, au lieu de 200 mètres habituels, à cause d’une épaisse couche nuageuse, les hommes rencontrent des difficultés de regroupement au sol.
Soldats canadiens dans la ville d’Amherst 1945
Rares sont les sticks qui touchent le sol aux points prévus. Deux d’entre eux, tombés sur une route fréquentée par des convois allemands, doivent s’éparpiller. De plus, les SAS français se trouvent dans une zone frontalière de l’Allemagne ou les nazis locaux, particulièrement nombreux, ont constitué des milices. Malgré tout, l’effet de surprise joue : un poste de commandement est attaqué en plein jour par des SAS. Des combattants isolés harcèlent l’ennemi. Certains contrôlent axes routiers et font de nombreux prisonniers. La mission de nombreux SAS va cependant se poursuivre pendant plus d’une semaine en raison de la lenteur de la progression des troupes canadiennes. L’ennemi se montre tenace et agressif. Il provoque la mort de 33 combattants sept sont fusillés et d’autres brûlés vifs dans une grange ou, sans doute à la suite d’une trahison, ils sont cernés mais refusent de se rendre. Le stick 7 compte un mort et cinq blessés lors d’un combat dans un bois. Deux prisonniers sont fusillés le lendemain par les Allemands. Une centaine de combattants sont blessés et 86 sont portés disparus. Certains prisonniers en Allemagne, parviennent à s’évader. La plupart des missions sont remplies avec succès malgré le retard des troupes canadiennes. Du côté des civils néerlandais qui avait aidé les SAS, cinq sont arrêtés et un sixième abattu. La mission Amherst est la dernière des parachutistes français libres du Special Air Service. À Assen et à Westerbork, plusieurs plaques et un monument rappellent ces combats.