L’armée de l’air française n’a pas été absente du ciel pendant les terribles journées de mai et juin 1940. Plus de mille avions allemands furent abattus par les appareils Français entre 1939 et 1940. Tandis que près de 200 pilotes périrent au cours de leur missions.
Bombardiers français Amiot 143 rejoignant leur base, mai 1940
En septembre 1939, l’aviation française n’est pas prête à la guerre. Sur les 7800 avions environ dont elle dispose, seul 890 d’entre eux sont opérationnelles au combat. Conception stratégique périmée, retard dans le programme de réorganisation et de modernisation, autant de raisons qui empêchent l’armée de l’air de pouvoir rivaliser avec la Luftwaffe. De plus le fonctionnement de l’aviation française est entravé par la dilution des responsabilités entre les forces de réserve, les forces aérienne de coopération et les groupes de chasse qui dépendent soit des commandants des forces aériennes de l’armée de terre. L’Aviation allemande ne connaît pas ces problèmes puisqu’elle est une arme homogène avec un commandement unique. Au printemps 1940, l’industrie aéronautique française produit 500 appareils nouveaux par mois. Mêmes si ces derniers ne sont pas toujours prêts pour le combat, pour certains il manque la radio, pour d’autres, le dégivrage, leur nombre croissant peut devenir assez rapidement une menace pour l’aviation allemandes.
Au 10 mai 1940, l’aviation française aligne près de 60 appareils chasseurs monoplaces rapides et bien équipés comme le Morane-Saulnier 406, le Bloch MB151 et le Dewoitine 520. Elle compte également 100 chasseurs biplaces Potez 63, environ 150 bombardiers, 450 appareils de reconnaissance, soit un total de 1300 avions modernes auxquels, s’ajoutent 400 appareils britanniques, 234 belges et 139 hollandais. L’ennemi dispose de près de 3500 avions. Les Français ont choisi de ne pas concentrer leur aviation sur un point de la bataille. Ainsi, de la Manche à la frontière suisse, seulement 1000 appareils sont disponibles. En outre, la stratégie demeure défensive, donc priorité est donnée aux avions de chasse et de reconnaissance, alors que les Allemands privilégient l’attaque de masse. Pendant la drôle de guerre, l’aviation de chasse française a abattu 74 avions allemands. Le 6 novembre 1939, dixMesserschmittennemis sont descendus par des Curtis lors d’un combat aérien au-dessus de la Lorraine. À la veille du 10 mai, la chasse française a déjà effectué plus de 10 000 sorties : Seize pilotes sont morts, 80 victoires sont homologuées et 63 appareils français sont détruits.
Contrairement à une légende tenace, l’aviation française n’a pas été absente du ciel pendant les terribles journées de mai et juin 1940, mais les combats se sont déroulés souvent à plus de 2000 mètres d’altitude. Avec plus de 20 000 sorties, combattant à un contre deux, les pilotes français rivalisent de courage et d’adresse. Le 10 mai l’aviation française abat 49 appareils allemands et en perd 9. Mais c’est au sol que les dégâts sont énormes car les Allemands bombardent par surprise les aérodromes militaires français. Dans les Ardennes, l’ennemi concentre 320 bombardiers essentiellement des Stukas.
Stuka allemand
Et des Messerschmitt. En face l’aviation française ne peut compter que sur vingt chasseurs. Le 14 mai 170 bombardiers franco-britanniques vont se succéder au-dessus de Sedan pour détruire les ponts sur la Meuse. En vain. 85 appareils sont détruits. Du 16 au 23 mai les chasseurs français font 2640 sorties, abattant 159 appareils allemands et perdant seulement 30 avions. Mais ils ne peuvent empêcher la percer allemande et le bombardement systématique des aérodromes, des centres ferroviaires, des usines, des routes. Le 5 juin, il ne reste plus que 340 chasseurs opérationnels dans les rangs français. Malgré tout, ce jour voit la chasse française abattre 66 avions ennemis, un record. Les pilotes tricolores doivent voler de plus en plus longtemps, souvent sans repos. Mais ils se battent avec l’énergie et remportent toujours de nombreuses victoires. Berlin est bombardée dans la nuit du 7 au 8 juin par un Farman de l’aéronavale. Près de 90 bombes tombent sur la capitale du Reich.
Le Farman F.222
Des raids sont également mens en Italie, sur Turin, Rome, la Sardaigne. Sur 800 pilotes français engagés dans les combats près de 200 sont tués, 188 blessés, et 31 faits prisonniers. Les quelques 1000 avions allemands abattus par les Français entre septembre 1939 et juin 1940 vont faire cruellement défaut à la Luftwaffe lorsque la bataille d’Angleterre va commencer au cours de la seconde partie de l’été 1940.