17 CIVILS MASSACRÉS

Lors de l’invasion du nord de la France par les troupes allemandes en mai 1940, des massacres de populations civiles ont été perpétrés par l’ennemi. Ce fut le cas  notamment le 28 mai 1940 dans le village de Wahagnies, situé près de Lille.

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Le centre-ville de Courrières  à Wahagnies

Le 26 mai 1940, le général Blanchard, chef du groupe d’armée du Nord et le général Gort, commandant du corps expéditionnaire britannique, se rencontrent à Attiches, près de Seclin, dans le département nord, pour définir les modalités du repli des troupes alliées vers la rivière de Lys ou il leur sera plus facile de résister à l’ennemi qui progresse depuis Arras. Pour couvrir cette opération, ils décident de retenir le plus longtemps possible les Allemands sur le canal de la Haute-Deûle, à Oignies et Courrières. Désigné pour cette mission le 11e régiment de zouaves reçoit l’ordre de tenir et de résister sur place pendant la nuit du 26 au 27 mai et toute la journée du 27, Cette mission est accomplie brillamment par le régiment. Bloquées dans Courrières et Oignies les troupes allemandes s’agacent devant cet obstacle imprévu qui retarde leur progression.

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Capitaine Horst Kolrep lors de son procès en 1950

Le 11e zouave décroche comme prévu le 27 mai à 20 h. Il rejoint Wahagnie ou est installé le poste de commandement du régiment. En représailles à la résistance française, des troupes d’infanterie ennemie, placées sous les ordres du capitaine Kolrep massacre 46 civils à Courrière. À Oignies, ce sont 86 personnes qui sont assassinées tandis que 1200 maisons sont incendiées. Ensuite se dirigeant vers Wahagnies, les Allemands récupèrent sur la route de nombreux effets militaires et des armes de soldats français qu’ils imaginent s’être cachés dans des maisons alentour. Arrivés ç un kilomètre du village, des fantassins allemands pénètrent dans la ferme des Trannoy ou ils assassinent le père et le fils, un peu plus loin sur la route, ils rencontrent quatre habitants du Pas-de-Calais qui fuient la zone des combats, ils les abattent. Approchant du village, ils s’introduisent dans la ferme des Matton ou la famille s’est réfugiées dans la cave. Couple généreux, les Matton ont accueilli chez eux des voisins et trois réfugiés. Entrés dans la cuisine, les Allemands entendent du bruit venant de la cave. Ils ordonnent alors aux personnes de remonter, les regroupent sans ménagement et dans une attitude extrêmement hostile leur intiment l’ordre de sortir de la ferme. Madame Vanhessche, une voisine qui a trouvé refuge avec ses fils chez les Matton, connaît le flamand : elle comprend qu’un drame va se produire et obtient des soldats que les femmes et les enfants ne soient pas obligés de quitter la ferme; un réfugié belge âgé est autorisé à partir. Quant aux sept autres, ils sont conduits sur un sentier menant à un bois. Là à sept reprises, les soldats font feu. Rémy Matton, 35 ans et ses six compagnons d’infortune, dont le fils de madame Vahessche âgé de 17 ans, périssent sous les balles allemandes.

À l’intérieur de la ferme, les femmes et les enfants sont épouvantés. Les soldats interdisent d’approcher des corps jusqu’à la fin de l’après-midi. Entre-temps, les Allemands sont revenus et visitent l’ensemble des bâtiments; l’un d’eux donne à madame Matton un récipient contenant de la soupe; dans un geste mêlé de désespoir et de courage, elle en jette le contenu devant les assassins de son mari sur le fumier au milieu de la cour. Hélas la tragédie n’est pas finie. Un réfugié de 19 ans qui vient chercher du lait à la ferme est assassiné, puis au centre du village, trois hommes sont à leur tour fusillés. À ces quatorze victimes s’en ajoutent encore trois autres, dont une femme mortellement blessée par une grenade. Le lendemain au cimetière, les morts sont enterrés dans une fosse commune, tandis que monsieur Matton est inhumé dans un cercueil fabriqué par son plus proche ami.

En 1947, le capitaine Kolrep, devenu colonel, est arrêté. L’acte d’accusation de son procès en octobre 1950, mentionne les noms d’Oignies, Courrières et Wahagnies;  il est condamné à mort et exécuté à Lille le 1er juin 1951, le 8 mai 1958, une stèle en hommage aux victimes de la barbarie nazie est inaugurée à la ferme Matton, dans l’esprit du rapprochement franco-allemand et dans un souci de réconciliation, on y a écrit : Que le sang de ces martyrs soit pour les hommes une semence de paix fraternelle. Une cérémonie à la mémoire des victimes des exactions des troupes allemandes à Wahagnies a eu lieu le 8 mai 20010 à la ferme des Matton.

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